souvenir cauchemardesque

   Je suis dans ma grotte sombre et froide. Le monstre est dehors, il rode. Je ne peux pas sortir, je ne veux pas. Je prefère rester là, dans le noir, sans manger ni boire. Il fait froid, j'ai mal, mais je ne pleure pas. Je suis à l'abri ici. Le soir, quand la bête dors, je me fofile et je bois un peu et prend le temps de quelques besoins naturels, avant de retourner me cacher.

Voilà une semaine que je ne suis pas sorti, que je n'ai pas vu la lumière du jour. Le monstre est de plus en plus bruyant et j'ai de plus en plus peur. Si je sors maintenant ça va faire mal, très mal. Je ne le nourris plus alors il dois avoir bien faim et ce sera de ma faute. Je phantasme ces horreurs, mais je n'y suis pour rien, je n'ai rien fait. justement je n'ai rien fait, mais je n'avais rien a faire, mais c'est ma faute toujours ma faute j'ai toujours tord... Mieux vaut ne pas sortir, ne pas manger, mieux vaut faire comme si je n'existais plus... Le problème c'est que j'existe toujours et que je ne vais pas pouvoir rester là éternellement...

10 jours. Ou plutôt 10 nuits interminables. Je reste eveillée le jour comme la nuit, je guette le moment où je vais pouvoir atteindre quelques gouttes d'eau. La bête est bruyante, elle aussi, la nuit aussi. Mais quand ça se tait c'est bon signe pour moi. Toujours pas vu la lumière du jour. Je m'assoupi quelques heures. Au reveil, le vacarme. Il doit avoir vraiment très faim, être très énervé, il cherche à me faire sortir c'est sûr. Je me reveil à peine et je pleure, je pleure, je pleure...
Dans son agitation, le monstre ne me vois pas sortir par la petite porte, enfin la lumière du jour!!! enfin de l'air, enfin de la liberté. Il est tôt matin et personne n'est réveillé, les rues sont desertes. Mais je n'ai nul part où aller et je ne peux pas faire demi tour, c'est trop tard maintenant. Je ne veux croiser personne alors je vais au cimetierre. C'est calme, paisible, et personne ne peut me faire de mal ici. je reste là des heures, j'arrose quelques fleur, je rencontre deux ou trois ancêtres, je m'attriste sur quelques enfants. On est mieux là... A l'heure qu'il est je me doute que la police me cherche. En douce je file chez une fée noire accueillante. Je pleure un peu en sa compagnie, elle reste là avec moi. Chez elle il y a la lumière partout, le jour partout. Je me sens bien. Je m'attends à tout instant  à ce que la police arrive. Je ris quelques temps avec elle, et j'oubli la bête et j'oubli ma grotte sombre et humide de pleures.

Finalement c'est la reine de coeur qui me retrouve, qui me ramène dans son cortège, moi je pleure mais elle me ramène dans l'antre du dragon cracheur de douleur...

Ne m'enfermez plus s'il vous plait, ne m'enfermez plus chez moi, ne m'enfermez plus chez vous, ne m'enfermez plus dehors. ne m'enfermez plus dans des préjugée, ni dans un avis, ni dans ce que vous savez de moi, ne m'enfermez plus dans votre coeur... Ne m'enfermez plus dans la société, ni dans mon pays, ni dans le capitalisme, ni dans le communisme, ni dans quelques doctrines que ce soit. Ne m'enferez plus dans le passer ou dans l'avenir, ne m'enfermez plus dans une passion, ne m'enfermez surtout pas dans la routine, ne m'enfermez plus dans ma vie, ni dans ma solitude ni dans la foule, Ne m'enfermez plus dans moi même ou dans ma douleur, ne m'enfermez pas dans ma sexualité ni dans l'amour que je vous porte, ne m'enfermez pas dans votre oublie...je vous en pris ne m'oubliez pas!